Troyes, ville fortifiée

Même s’il n’en reste que peu de traces, Troyes était une ville ceinturée par des remparts, une ville fortifiée au même titre que Provins.

La construction des remparts de protection a été initiée par les Comtes de Champagne dès le XIIème siècle qui voyaient là une occasion d’affirmer leur pouvoir politique. Les Comtes de Champagne ont été les instruments de la prospérité et du développement de la ville grâce aux Foires de Champagne. Les remparts apportaient également une protection de l’économie locale et, en tant que ville frontière située aux portes du royaume bourguignon, une protection géographique. On constate effectivement que les tours de surveillance sont multipliées sur les remparts sud pour faire face à l’ennemi tandis que les remparts nord en possèdent beaucoup moins.

Les remparts se sont étendus à partir du noyau central, le castrum de la ville gallo-romain Augustaubona (il correspond aujourd’hui au quartier de la Cité). A la fin du XIIIème siècle, la construction des remparts est étendue à son maximum et donne à la ville de Troyes sa forme de Bouchon de Champagne. Des portes d’entrée de ville sont réparties sur le pourtour des remparts, servant à filtrer les passages et quelques tours seulement sont construites le long des remparts aux points stratégiques.

Sept portes sont construites :

La porte Croncels à l’emplacement de l’actuel rond point François Mittérand faisait face aux bourguignons. Jeanne d'Arc y est passée accompagnée de Charles VII.

La porte de la Tannerie à l’extrémité de la rue Raymond Poincaré.

La porte Saint Jacques située au bout de la rue Kléber fut la dernière porte à être démontée. Elle était encore en très bon état mais n’était pas suffisamment large pour le flux de cette rue.

La porte de Comporté ou de Preize située à l’extrémité de la rue de Preize, à l’emplacement de l’actuel Théâtre de Champagne.

La porte de la Madeleine située le long de la rue Général de Gaulle à proximité de l’église de la Madeleine comportait un lavoir de taille importante où venaient se réunir les femmes du quartier.

La porte du Beffroy ou Belfroy  se situait à l’emplacement du rond point Pattone et menait à Paris. Le jardin qui y est accolé porte son nom. On y sonnait les cloches en cas d'incendie, ce qui donnait un "bel effroi" d'où son nom.

La porte aux Mystres ou d’Auxerre située contre l’église Saint Nicolas menait à Saint André les Vergers, à l'abbaye Montier la Celle.

D’autres portes intra muros existaient et sont les traces des agrandissements successifs de la ville et de ses remparts : la porte aux cailles (rue Kléber), la porte de la Girouarde (rue de la Cité), la porte du palais des Comtes de Champagne (place de la Tour).

La ville se développe au fil des siècles et apporte des modifications aux remparts ; ils sont renforcés, réparés, des tours sont rajoutées et le XVIème siècle (siècle de la modernisation des ouvrages défensifs) voit arriver la construction de plates formes disposées le long du mur de l’enceinte et de boulevards (sorte de bastion) destinés à accueillir des batteries de pièces d’artillerie.

Au XVIIème siècle, la protection par des fortifications ne se justifiant plus et le coût de leur entretien étant très important pour une ville, les remparts sont laissés à l’abandon ou mis en location pour les habitants de la ville, commerçants ou artisans. Des mails sont aménagés pour la promenade des troyens sur les anciens fossés des remparts.

Le XVIIIème siècle entame les premières destructions de boulevards et de portes que le XIXème siècle achèvera. La ville peut alors s’étendre en dehors de son enceinte.

                                                      

Aujourd’hui on peut imaginer le tracé de ces fortifications en suivant les boulevards de la ville et les jardins publics. Suivez le guide : boulevard Danton, mail des Charmilles, Boulevard 14 Juillet, Boulevard du 1^er RAM, Boulevard Victor Hugo, Boulevard Carnot et Boulevard Gambetta (longé par les jardins publics qui ont été aménagés dans les fossés des remparts).